L’entrepreneuriat féminin vue par le réseau Samoa
En 2021, en Loire-Atlantique, on compte 40% de femmes créatrices d’entreprises. A l’heure où se tient, à l’Unesco, la première édition du Women’s Entrepreneurship Summit, la Samoa a voulu donner la parole à trois entrepreneures de son réseau pour connaître leur vision de l’entrepreneuriat féminin.
Être une femme dans le milieu entrepreneurial, atout ou désavantage ?
On observe une croissance constante de l’entrepreneuriat féminin en France. Même si la question de la parité reste un enjeu de taille, les chiffres sont encourageants puisque, en 2021, quatre créateurs d’entreprises individuelles sur dix étaient des femmes. Quand on leur pose la question, les entrepreneures du réseau de la Samoa le remarquent également dans leur secteur respectif. « L’univers vétérinaire a beaucoup évolué ces dernières années, constate Marie Tanguy. Aujourd’hui, 75% des vétérinaires de moins de 40 ans sont des femmes et, en règle générale, je trouve le milieu de la santé animale assez paritaire ». Même chose selon Muriel Darniche qui considère que « l’innovation est synonyme d’ouverture. L’avantage des domaines comme le digital, l’innovation et la santé, c’est qu’il y a de la place pour tout le monde, et on y trouve autant de femme que d’hommes ».
Il y a donc du mieux. Mais être une femme dans le milieu entrepreneurial n’est pas toujours de tout repos, surtout au démarrage. Sabrina Lucas se souvient ainsi d’avoir « manqué d’aplomb au début. Le milieu de l’immobilier étant majoritairement masculin, il a fallu faire ses preuves ». En tant que cheffe d’entreprise de sa pharmacie, Muriel Darniche évoluait dans un milieu où les femmes étaient peu représentées et avait « l’impression que [sa] voix ne portait pas ». Toutefois, ce qui aurait pu être une difficulté à surmonter, elles en ont fait un atout. « L’expérience permet de savoir où est notre force, souligne Sabrina Lucas. La mienne est d’apporter une touche artistique au sein des entreprises, c’est une vraie soupape de décompression ». Le manque d’écoute auquel Muriel Darniche a pu faire face au début de sa carrière lui a donné « de l’énergie pour monter [son] entreprise. Je porte un projet qui n’est ni féminin, ni masculin. Ce qui compte c’est de mettre Team Officine en avant, pas moi ».
Des solutions concrètes pour accompagner les femmes entrepreneures
Lorsqu’on aborde le sujet de l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, certaines évoquent le jugement extérieur sur leur capacité à mener à bien leur projet auquel elles ont dû faire face au moment de l’annonce de leur grossesse. Heureusement temporaire, cette appréhension soulève une autre question, celle des solutions apportées à des ‘’problèmes’’ auxquels les femmes sont directement confrontées. Sabrina Lucas en donne un exemple concret : « en tant que cheffe d’entreprise, je peux financer une crèche d’entreprise pour mes salariés mais moi-même je n’y ai pas accès ».
C’est dans cette optique que des réseaux dédiés à l’entrepreneuriat féminin ont vu le jour et accompagnent les femmes dans le développement de leur activité. En 2021, les femmes représentaient jusqu’à 45% des personnes accompagnées en création d’entreprise au niveau national. A Nantes et sa métropole, les réseaux d’aide sont répertoriés sur le site de Nantes Métropole. Certains organismes vont même plus loin, comme France Active avec le dispositif « Garantie égalité femmes » qui couvre jusqu’à 80% du montant du prêt des femmes entrepreneures. Marie Tanguy, qui a pu en bénéficier au moment de la création de Dr Patounes, reconnaît que « cette aide a été un tremplin pour se lancer. J’ai réellement vécu le fait d’être une femme dans le milieu entrepreneurial comme une force ».
Oser agir
Femme ou homme, l’entrepreneuriat n’est un long fleuve tranquille pour personne. C’est une aventure qui demande de faire preuve d’audace et d’agilité. Et les avis sont unanimes : il faut continuer à faire évoluer les mentalités, ce qui se traduit par oser agir, ne pas se décourager, et se donner les moyens pour mener à bien son/ses projets.
Les entrepreneures ayant témoigné
- Sabrina Lucas
- Marie Tanguy
- Muriel Darniche
Galerie Sabrina Lucas
Avant de créer sa galerie éponyme en 2021, Sabrina Lucas a multiplié les projets entrepreneuriaux. De la conception de CV à la création d’un blog sur l’art, en passant par des défilés de mode et la location d’œuvres d’art aux entreprises, elle a touché à (presque) tout. En 2019, elle intègre l’accélérateur de la Samoa, Creative Factory Selection, et se fait accompagner pour développer L’Affiche. Depuis, le projet a laissé place à la galerie Sabrina Lucas, rue Pierre Landais sur l’île de Nantes, où elle met en relation artistes et entreprises (mais aussi particuliers) pour la conception d’œuvre sur mesure.
Dr Patounes
C’est en 2021 que Marie et ses deux acolytes, Damien Bry et Grégory Santaner, intègrent la Creative Factory Selection pour lancer leur média autour du bien-être animal. Mais pour Marie, l’aventure entrepreneuriale a débuté sur les bancs de l’école, en cinquième année d’école vétérinaire. Elle monte ensuite Louveto, une plateforme de mentoring vétérinaire et, après un an d’expérience terrain en tant que vétérinaire elle-même, elle constate qu’un vrai travail de fond doit s’opérer sur la communication aux propriétaires d’animaux. L’idée de Dr Patounes est lancée.
Team Officine
Pendant ses dix ans en tant que cheffe d’entreprise en pharmacie, Muriel Darniche se rend compte que le recrutement est un problème récurrent pour elle et ses confrères. Elle a alors l’idée de monter Team Officine, plateforme de mise en relation entre les pharmacies et les candidats, en 2015. Six ans, une levée de fonds et dix recrutements plus tard, elle se lance en parallèle dans un nouveau projet, le développement d’une plateforme de recrutement dans le milieu solidaire et social.