Des halles Alstom au MIN, 30 ans d’urbanisme transitoire sur l’île de Nantes
En 2019, le festival Scopitone s’est déroulé, le temps d’une édition, sur le site de l’ancien MIN de Nantes. Un événement qui n’est pas sans rappeler le festival Les Allumées, qui a été organisé 29 ans plus tôt dans l’ancienne fabrique à glace, quai Wilson. L’occasion de revenir sur 30 ans d’urbanisme transitoire sur l’île de Nantes.
En 1987, le Bougainville, dernier né des chantiers navals de l’île de Nantes, quitte sa cale de lancement. Ultime production de cet emblématique site industriel, il laisse derrière lui un traumatisme social et de nombreuses friches à l’ouest de l’île. La renaissance de ce territoire trouve alors son origine dans le projet de l’équipe menée par l’ancien maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, dans les années 1990 : le patrimoine industriel et portuaire devient un tremplin des initiatives culturelles et créatives.
L’un des faits marquants de cette première décennie sera la réappropriation des friches et du territoire par la culture, qui débute avec la première édition du très populaire festival Les Allumées en 1990. Organisée dans les 2800 m² de l’ancienne Fabrique à glace du quai Wilson, cet événement constitue pour l’île de Nantes un point de départ de l’urbanisme transitoire sur l’île de Nantes.
Une stratégie de reconquête de l’île
Passé le temps de maturation et d’expérimentation, cette pratique d’urbanisme transitoire devient dans les années 2000 une réelle stratégie de reconquête de l’île de Nantes. Elle s’incarne au travers des actions de la Samoa, société publique locale créée en 2003 pour aménager l’île de Nantes. La culture et les initiatives locales deviennent ainsi les leviers de ce renouveau. Au cœur du quartier de la création qui se structure progressivement, les anciennes halles Alstom vivent alors une seconde vie, avant leur transformation, en accueillant de nombreux événements (comme les premières éditions de Scopitone) et en hébergeant une cinquantaine d’entreprises ou acteurs culturels (startups, médias, artistes, associations…).
En 2011, la Samoa se voit confier une seconde mission : l’accompagnement et le développement des industries créatives et culturelles. Dès lors, la Samoa développe une offre immobilière dans plusieurs lieux voués à disparaître. Les plus marquants sont le Karting, ancien karting reconverti en hôtel d’entreprises créatives ; La Centrale, ancienne centrale d’achat des artisans coiffeurs aujourd’hui dédiée aux entrepreneurs de la filière image ; le Solilab, ancien site industriel destiné aux initiatives sociales et solidaires ; ou encore les anciens hangars du port, qui accueillent collectifs d’artistes, artisans et architectes.
Une gestion intelligente et raisonnée des friches
Devenu aujourd’hui un marqueur fort de l’île de Nantes, l’urbanisme transitoire a de nombreux bénéfices. Il permet notamment à des centaines d’artistes, associations ou startups de trouver des locaux adaptés à leurs besoins et moyens financiers. Ces regroupements d’activités font également émerger des écosystèmes propices aux frictions créatives entre les acteurs qui les partagent. Mais ces occupations temporaires permettent également d’activer et d’animer un quartier, pour (r)amener de la vie avant l’arrivée des nouveaux habitants.
Récemment, la Samoa a ainsi lancé une zone d’activités transitoire baptisée “MIN de rien“, sur une partie du site de l’ancien MIN, qui sera démolie après 2025. Cette zone regroupe des activités autour de l’agriculture et de la logistique urbaines, mais également des activités liées au secteur artistique et à la production culturelle. À l’entrée de l’ancien MIN, le bâtiment qui accueillait l’enseigne La Bovida accueille quant à lui des entreprises du secteur artistique. Autant d’initiatives qui prouvent que l’urbanisme temporaire sur l’île de Nantes a encore de beaux jours devant lui