Ces femmes qui aménagent l’île de Nantes – Virginie Barré
La Samoa a choisi la date du 8 mars, Journée des droits des femmes, pour mettre en lumière le quotidien de ses collaboratrices. Pilotes de l’aménagement de l’île de Nantes, elles travaillent à la conception de projets d’envergure, parfois même atypiques, sur un territoire de 337 hectares. Coup de projecteur sur Lena Cloarec, Cheffe de projets Aménagement, et Virginie Barré, Responsable Construction.
Comment devient-on Responsable construction ?
J’ai un parcours mixte dans la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage. Dès le début de ma carrière, j’ai travaillé sur beaucoup de projets très différents, dans plusieurs pays d’Europe ainsi qu’au Moyen-Orient, ce qui m’a appris à constamment m’adapter et à n’avoir aucun préjugé méthodologique. Le montage étant différent d’une opération immobilière à l’autre, il convient de ne pas s’enfermer dans des schémas et de pouvoir s’adapter à n’importe quelle situation. En tant que Responsable construction à la Samoa, je travaille sur des projets complexes, que ce soit la construction de bâtiments en propre, répondant aux besoins de notre Pôle économique et de nos actionnaires (cf. l’immobilier d’entreprise avec la Centrale, le Karting ou encore les Halles 1 et 2), ou l’immobilier transitoire. Ces types d’opération demandent de décider rapidement ce qu’il est possible ou pas de faire en termes d’usages, de sécurité, de matériaux utilisés mais aussi de prix. Cela vient avec l’expérience. Je pense que je peux monter n’importe quel type d’opération aujourd’hui. Si demain on me demandait d’aller construire un cirque à Kuala Lumpur, je suis vraisemblablement cap.
Son projet le plus atypique ?
Sans hésiter, les Halles 1 et 2 ! Cette opération de réhabilitation a été une véritable odyssée. On peut dire que la loi de Murphy s’est vérifiée sur ce chantier qui n’a pas été de tout repos. Nous avons eu beaucoup d’aléas, sans compter l’invité surprise qu’a été le covid. Réhabiliter un ancien bâtiment est toujours un challenge. Celui-ci a été particulièrement pédagogique. Et même s’il a pris plus de temps que prévu, c’est une aventure très forte, notamment du point de vue humain. Comme sur tous les projets longs, tous les protagonistes finissent par bien se connaître et des liens se nouent au fil du temps. Malgré les aléas, personne n’a perdu sa motivation : les Halles 1 et 2 sont un beau projet, que tout le monde est fier de porter et de pouvoir bientôt livrer.
La construction, un métier d’homme ?
C’est en train de changer. A commencer avec l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine, pilotée par Jacqueline Osty et Claire Schorter. Les équipes sont de plus en plus féminines et, surtout, elles sont de plus en plus primées. Il faut continuer dans ce sens. Par ailleurs, sur le chantier des Halles 1 et 2, l’ingénierie était là aussi majoritairement féminine avec moi-même en maitrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre, Delphine Prunet pour Gardera-Pastre, Florence Camus pour le BET Ingérop, Sandrine Blot pour l’ OPC … toutes des femmes ! Pareil sur le Food Hall, le chantier qui jouxte celui des Halles, avec Anastasia Komliki pour la Maitrise d’œuvre DLW. Pour ce qui est des ouvriers de chantier, ça reste un univers encore très masculin. Mais même là les choses évoluent : on rencontre des plus en plus de femmes plaquistes ou peintres. Parfois même, les tendances s’inversent. Ainsi, à mon époque, on comptait 30% de femmes au sein de l’école d’architecture contre 70% d’hommes. Aujourd’hui, c’est l’inverse.
Il faudra attendre encore quelques années pour atteindre la parité dans les postes de direction, mais les femmes ont plus de poigne et de crédibilité aujourd’hui, et elles le savent.